Le député Marc Bourcier

Face à face avec Marc Bourcier du Parti québécois: « Je suis là pour le monde »

Charles Michaud

Les électeurs de la circonscription de Saint-Jérôme éliront le 1er octobre le député qui les représentera à l’Assemblée nationale. TopoLocal vous permettra de suivre la campagne électorale jusqu’aux résultats finaux le soir du vote.

Nous rencontrons les quatre candidats des partis qui comptent présentement des élus à Québec, soit la Coalition avenir Québec(CAQ), le Parti libéral du Québec(PLQ), le Parti québécois(PQ) et Québec solidaire(QS).

Ces entrevues vous permettront d’en savoir un peu plus sur les personnes qui se présentent, sur les motifs qui les incitent à faire de la politique, de leurs choix pour le Québec et enfin, sur leurs priorités pour la région. L’entrevue qui suit a été réalisée avec le député sortant et candidat du Parti Québécois, Marc Bourcier, le vendredi 21 septembre.

On va se livrer à un exercice de spéculation. Vous êtes réélu député de Saint-Jérôme. Quelle est la liste des priorités sur votre bureau le premier matin où vous vous remettez au travail?

« Youville! C’est clair. Il faut installer dans l’édifice de l’ex-CHSLD Youville une mini-urgence ouverte 24/7 pour absorber les cas moins urgents, les P4 et P5, qui bloquent l’urgence de Saint-Jérôme. Même le docteur Barrette trouvait que ça avait de l’allure quand je lui en ai parlé.

J’ai vu ça fonctionner à Québec, une mini-urgence pour les cas plus légers, les otites, les patient ambulants, les coupures, etc. Une installation comme celle-là pourrait facilement cohabiter avec le centre de réhabilitation qui est présentement projeté.

C’est urgent parce que la population de Saint-Jérôme est privée d’un accès convenable à une urgence adéquate. Ils préfèrent aller ailleurs. Ça déborde, et il n’y a même plus de stationnement à proximité. C’est un projet qui en plus sera très faisable vu la volonté du Parti québécois de réinjecter plus de personnel dans le domaine de la santé. C’est clair que c’est le dossier le plus pressant. »

En second lieu? L’électrification des transports.

Pour les gens de chez nous, c’est un enjeu autant lié à l’environnement qu’à l’économie, parce qu’on parle de plus de 80 employés de la Compagnie électrique Lion qui ont besoin de l’appui des gouvernements pour poursuivre la belle lancée de leur industrie.

Lion n’a même pas besoin de subventions directes, il suffirait de rétablir l’aide gouvernementale de 125 000$ par autobus, que le gouvernement vient de réduire à 105 000$. Québec n’a même pas dépensé tout l’argent prévu pour l’électrification des bus scolaires et a versé le surplus au fonds consolidé plutôt que de maintenir son aide aux transporteurs désireux de passer aux autobus électriques. C’est une erreur grave.

Nous aurions souhaité que l’appui gouvernemental passe à 150 000$ pour les autobus électriques, et que l’on permette des contrats de huit ans au lieu de cinq pour permettre d’amortir les bus électriques, qui sont plus chers mais plus économes à long terme. C’est du simple bon sens comptable!

Québec a accordé l’autorisation pour les contrats de 8 ans mais les a accordés aussi pour les bus diesel faits aux États-Unis. Ça semble incroyable mais ça démontre clairement l’influence indue du lobby du pétrole auprès du bureau du premier ministre.

Même le ministre Heurtel, pourtant un environnementaliste, se faisait contourner par les pétrolières qui ont un accès direct aux décisions. Le temps est venu de tout électrifier le Québec et voici qu’on investit 1,3 milliard à Montréal pour des autobus hybrides, une technologie dépassée. Tout ça alors que le gouvernement continue de subventionner les hausses du coût du diesel pour les transporteurs scolaires. C’est un non-sens.

La vraie solution, c’est l’électrification. Nous avons une entreprise ici à Saint-Jérôme qui est la seule au monde à offrir un bus scolaire de cette qualité. Le Parti québécois veut un parc d’autobus scolaires 100% électrique d’ici 2030, il faut s’y mettre tout de suite! Pour le Québec, c’est une question d’avenir, et pour Saint-Jérôme aussi. Lion Électrique est la prochaine compagnie Rolland dans l’histoire de notre région.

En troisième lieu, j’ai l’intention de me mettre au travail afin de protéger les régimes de retraite de nos travailleurs. Il faut frapper à la porte du gouvernement d’Ottawa pour changer la loi sur les faillites.

Des Sears et des Nortel, avec les employés qui sont au deuxième rang parmi les créanciers et qui voient leurs prestations de retraite fondre complètement ou diminuer de façon dramatique, ce n’est pas acceptable. Les gens sont inquiets, et avec raison.

Je considère que c’est une priorité et je ferai appel à tous mes collègues de l’Assemblée nationale pour qu’on interpelle Ottawa et qu’on fasse changer cette loi le plus rapidement possible. C’est une injustice pour les retraités de ces entreprises.

Évidemment, il est urgent de prolonger la voie réservée de l’autoroute 15 jusqu’à Saint-Jérôme. Une voie spécialement aménagée, en contresens de la circulation, pour mettre fin au cauchemar quotidien des automobilistes qui doivent se déplacer pour gagner leur vie, un cauchemar que partagent aussi tous les usagers de la route.

Non seulement faut-il permettre aux voitures de circuler plus aisément, mais aussi faut-il trouver des moyens innovateurs pour réduire le nombre d’autos. Il y a de nombreuses solutions.

Rendre le transport en commun plus facile d’accès et plus pratique à utiliser, par exemple, en commençant par créer une seule carte d’accès unique et une tarification simplifiée.

Pour les automobilistes, il faut des incitatifs au covoiturage. C’est pourquoi le PQ propose la création d’un crédit d’impôt pour les gens qui covoiturent, avec une simple application qui permettrait de faire le suivi des trajets effectués en commun.

Enfin, je vous rappelle que même sur des courtes distances, on peut inciter les gens à utiliser les transports collectifs. Le projet d’étudier la possibilité de créer un nouveau P’tit Train du Nord électrique entre Saint-Jérôme et Piedmont par exemple, permettrait d’alimenter le train de banlieue et d’offrir le service aux gens qui résident au nord de Saint-Jérôme. Ça mérite qu’on en évalue la faisabilité.

En cinquième lieu, j’aimerais beaucoup qu’on crée à Saint-Jérôme des centres de jour accueillants, et je pense spécialement aux ainés et aux itinérants.

J’ai rendu visite à la Maison Aloïs-Alzheimer et j’y ai découvert des personnes généreuses et aidantes qui offrent un lieu d’accueil chaleureux aux personnes atteintes d’Alzheimer et de maladies apparentées ainsi qu’à leurs proches aidants.

Ces centres font un travail colossal pour briser l’isolement des gens, et ils ont une fraction du budget qu’ils devraient avoir. Les victimes de la maladie y trouvent un milieu de vie stimulant et un accompagnement humain, et les proches aidants profitent d’un moment de répit en plus d’un soutien personnalisé.

Je pense qu’on doit utiliser le même modèle pour créer une structure semblable pour les itinérants. Il faut soutenir des groupes tel que Fleur de macadam ou encore la Soupe populaire, qui sont souvent un dernier recours pour des personnes qui sont devant rien quand tout le monde détourne le regard.

Saint-Jérôme, c’est le terminus du train et c’est aussi le centre de la région: les personnes dans le besoin se retrouvent finalement chez nous. C’est à nous de leur rendre leur dignité et de faire preuve de compassion. »

Vos racines sont à Saint-Jérôme…

Marc Bourcier est né à Saint-Jérôme et en est très fier. Il est issu d’une famille qui compte plusieurs enseignants. On pourrait croire qu’il y était prédestiné, puisqu’il a habité, durant toute sa jeunesse, sur la rue Marie-Victorin, juste en face de l’école Frenette. Son père, Réal Bourcier, y enseignait.

« J’ai étudié à Saint-Jérôme du primaire jusqu’au collégial. En passant par l’école Sainte-Marcelle, l’école Frenette, la polyvalente Saint-Jérôme, au temps du double horaire. »

NDLR: À l’éclosion des polyvalentes au début des années 1970, les étudiants du secondaire vivaient un double horaire. Trop important pour la capacité des écoles, leur nombre obligeait la commission scolaire à dispenser des cours le matin pour une moitié des élèves, et en après-midi pour les autres.

« Puis au Cégep de Saint-Jérôme et enfin à l’université, où j’ai choisi l’enseignement. Depuis mon premier travail à l’école Jean-Moreau de Sainte-Sophie jusqu’aux nombreuses années passées comme prof titulaire à l’école Notre-Dame, j’ai fait un métier que j’adore. »

Marc Bourcier a été particulièrement actif comme enseignant en multipliant les activités étudiantes pour tisser des liens entre ses élèves et la communauté.

« On allait donner des spectacles dans des résidences de personnes âgées, on a créé une vraie radio étudiante avec un émetteur, on a fait campagne pour faire retirer le chandail de Butch Bouchard, toutes sortes d’activités pour que le contenant que constitue l’école soit aussi important que le contenu. J’ai toujours pensé que le contenant, l’environnement dans lequel apprend un élève, est aussi important que la matière qu’il étudie, et c’est ce qu’on appliquait. »

Vous demandez maintenant aux électeurs un deuxième mandat à titre de député. Que comptez-vous en faire?

« Depuis mon élection en décembre 2016, je suis fier de mon bilan. J’ai fait tout en mon pouvoir pour faire avancer les dossiers de Saint-Jérôme dans un esprit de collaboration. J’ai eu la chance d’être influencé par des politiciens chevronnés dans mon apprentissage du métier de député: mes collègues Claude Cousineau et Sylvain Pagé dans les Laurentides, ainsi que Lucie Papineau, qui a représenté Saint-Jérôme à l’Assemblée nationale durant une décennie, de 1997 à 2007.

C’est Lucie Papineau qui m’a conseillé de continuer à habiter à Saint-Jérôme, pour rester en contact avec mes électeurs. Je quittais donc mon bureau de la rue Saint-Georges les lundis en après-midi pour être à Québec mardi matin, et puis je revenais les jeudis soirs, pour être au bureau dès le vendredi matin, avec mon équipe.

Quant à Sylvain Pagé, il a influencé ma façon de faire mon travail », ajoute Marc Bourcier.

Député de Labelle, Sylvain Pagé signait dès 2001 un manifeste, Pour une nouvelle culture politique qui, devant le cynisme politique qu’il constatait déjà à l’époque, plaidait en faveur d’une politique plus axée sur la collaboration que la confrontation. Son essai favorisait entre autres le vote libre des députés, une participation citoyenne plus grande, et la réforme du mode de scrutin.

Marc Bourcier est convaincu que ce style de travail politique a contribué à des décisions telles que l’annonce de plus de 200 M$ pour la première phase de l’agrandissement de l’hôpital de Saint-Jérôme, et de plus de 45 M$ pour combler le sous-financement régional des services gouvernementaux. « Je suis fier d’avoir contribué à faire avancer ces dossiers, et j’ai l’intention de continuer à travailler dans ce sens-là.

C’est ça, pour moi, s’occuper de notre monde. Et c’est comme ça que je veux continuer à faire de la politique, en étant là pour le monde. »

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