«Mikaël, il est bon, il a du rythme et ce qu’il fait a l’air facile», affirme Julie Thibaudeau, la mère de Mikaël Kingsbury. Au fil des compétitions, le génie des bosses fait toujours des descentes sans erreur et des sauts spectaculaires. Mais pour son père et son frère qui sont chiropraticiens, la fierté se transforme-t-elle en inquiétude?
On pourrait croire que le corps des athlètes s’use plus rapidement à cause de la pratique intense d’un sport extrême, mais Robert et Maxime Kingsbury se font rassurants sur la question. «C’est une fausse croyance, car les athlètes sont plus en forme que la plupart des gens qui travaillent assis toute la journée», explique Robert Kingsbury.
Selon lui, parce qu’ils bougent beaucoup, les athlètes sont moins à risque de faire du diabète ou de la haute pression et feront aussi moins d’arthrose. «Le mouvement, c’est la vie», affirme-t-il. Et avec un bon entraînement et un suivi régulier de leur santé musculaire, Robert Kingsbury croit que les athlètes ont tout pour aller plus loin.
Un entraînement adapté et de la prévention pour aider les athlètes
La recette fonctionne bien avec Mikaël. Pour garder la forme, il s’entraîne à l’année, plusieurs heures par semaine. L’été, il va au gym en compagnie d’autres athlètes et il fait des compétitions de vélo entre amis. Pour que l’entraînement soit adapté à son sport même l’été, il pratique ses sauts de ski sur des rampes d’eau et il voyage aussi en Colombie Britannique et en Suisse pour pratiquer ses descentes sur des pentes enneigées.
En plus de s’entraîner régulièrement, il reçoit des traitements chiropratiques qui aident à prévenir les problèmes physiques. Son père et son frère lui font des traitements avant et après ses compétitions, même s’il ne ressent pas de douleur. «Avec un suivi constant, on évite l’accumulation de stress physique, qui pourrait finir par causer des blessures», explique Maxime Kingsbury.
En compétition, les athlètes ont accès à un massothérapeute et à un orthopédiste. Les massages aident aussi Mikaël à garder ses cuisses souples pour chacune de ses descentes. Robert Kingsbury mentionne qu’un athlète qui n’a pas de raideur musculaire a effectivement moins de risques de se blesser. «C’est un peu comme une branche flexible qui risque moins de casser qu’une branche sèche», illustre-t-il.
Les traitements aident les athlètes dans la pratique de leur sport, mais ils ne peuvent pas toujours tout prévenir. Le skieur acrobatique Philippe Marquis, par exemple, a souffert d’une rupture ligamentaire et selon Robert Kingsbury, aucun traitement n’aurait pu empêcher la blessure de se produire.
Les forces de Mikaël pour gagner sans se blesser
Ce qui aide aussi Mikaël à gagner ses compétitions sans jamais se blesser, c’est sa technique de ski. Selon son père, c’est un skieur qui moule les bosses, qui exécute ses descentes plus en douceur, ce qui lui permet de garder le contrôle sur sa vitesse.
Lors des compétitions, Mikaël a également un avantage. Tous les skieurs ont accès à la pente quelques jours d’avance pour pratiquer leurs descentes, mais grâce à sa mémoire musculaire et à sa grande capacité de concentration, une fois sur la piste pour la compétition, Mikaël ne pense qu’à sa posture. Sa descente et ses sauts, il les connaît par cœur.
«Vers 14 ans, raconte sa mère, Mikaël travaillait déjà son sens aérospatial en faisant tourner des crayons en parallèle dans les airs comme des skis.» Il avait aussi une installation à la maison pour pratiquer ses sauts.
Pour se qualifier pour une compétition, Mikaël effectue d’abord des sauts plus simples et il ajoute ensuite des rotations supplémentaires au fil des épreuves. Il y va étape par étape. «Il est constant et ne fait pas d’erreur, c’est pour ça qu’il gagne», explique son frère Maxime Kingsbury.
Mikaël sait également s’adapter à différentes conditions météorologiques. C’est une autre de ses forces. «Lors d’une compétition à Lake Placid, il y a eu beaucoup de pluie et la température a baissé, raconte Robert Kingsbury. La piste était glacée et Mikaël a repensé sa descente rapidement en fonction des nouvelles conditions. Il ne s’est pas laissé déstabiliser.»
Être athlète, une carrière qui se prolonge
À 25 ans, Mikaël est au sommet de son sport et, selon son père, il ne pense qu’à une chose pour les prochaines années: continuer à se concentrer sur son ski et sur ses performances. «Il pourra le faire encore longtemps, car avec un entraînement adéquat et des traitements préventifs, les athlètes sont au meilleur de leur sport jusqu’à environ 37 ans», affirme Robert Kingsbury.
Il cite en exemple le joueur de tennis Roger Federer (36 ans), le joueur de football Tom Brady, (40 ans) et les sœurs Williams (36 et 37 ans), qui jouent aussi au tennis. Avant, les athlètes prenaient leur retraite à la fin de la vingtaine ou au début de la trentaine, mais maintenant ils peuvent continuer beaucoup plus longtemps. Robert Kingsbury ajoute qu’aujourd’hui, les athlètes prennent leur retraite bien plus pour des raisons familiales que pour des problèmes physiques.
Mikaël Kingsbury participe aux Jeux olympiques de PyeongChang 2018.