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La poutine: québécoise, mais encore?

Trouble-Tête

Frites, sauce, fromage : un amalgame au goût exquis que les Québécois ont fièrement nommé poutine. Ce mets réputé a pourtant des origines méconnues. Découvrez l’histoire houleuse à la source de votre appétit!

« Il faut d’abord et avant tout comprendre que l’histoire de la poutine est assez approximative », écrit Charles-Alexandre Théorêt dans son livre Maudite Poutine!

Je vous entends déjà gargouiller, si ce n’est plutôt vos estomacs affamés : mais d’où vient la poutine? À travers un historique flou demeure une certitude : la toute première poutine aurait été créée dans les années 1950. Par contre, deux endroits se disputent le prestige de l’inventeur de cette spécialité : Drummondville et Warwick. Encore aujourd’hui, la guerre perdure dans l’obtention du titre. Théorêt, en entrevue, décrit cette rivalité comme féroce.

Warwick: la poutine à 25 ¢

La version la plus populaire concernant la création de la poutine serait celle de Fernand Lachance, propriétaire du disparu restaurant Le Lutin qui Rit, à Warwick. Un client, Eddy Lainesse, aurait demandé à Lachance de mettre ses frites dans un sac de fromage en grains. Et Lachance de s’exclamer : «Ça va te faire une méchante poutine!»

Mais où est la sauce brune? Ce goût si réconfortant aurait surgi quelques années plus tard, alors que la sauce Bar-B-Q était à son apogée dans la plupart des restaurants québécois. La femme de M. Lachance, elle aussi cuisinière, aurait proposé d’ajouter la sauce aux frites et au fromage, afin de rendre le mélange plus savoureux et moins sec en bouche.

Pour seulement 25 ¢, en 1957, on obtenait une généreuse portion de ce plat, confesse en entrevue Mme Jeannine Vaudreuil, amie proche de Lachance.

Là aurait commencé le phénomène de la poutine au Québec.

Pendant ce temps, à Drummondville…

Une version semblable se propage à Drummondville, où les habitants ont la certitude que Jean-Paul Roy, propriétaire du restaurant Le Roy Jucep, serait l’inventeur de la poutine. Un client, ici encore, aurait demandé des frites avec de la sauce et du fromage.

Les serveuses, lassées de répéter les ingrédients, assignèrent un nom à la mixture. Le mot «poutine» aurait jailli, car l’un des cuisiniers était surnommé Ti-Pout, raconte Fernande Roy, la femme du propriétaire du restaurant toujours en activité.

L’inventeur de la poutine demeure donc un mystère, qu’il soit Lachance ou Roy, car les deux témoignages regorgent d’authenticité. Au fond, qui se soucie de ces détails devant un tel délice?

De l’histoire à la langue

Il peut toutefois être intéressant de savoir que l’expression familière «poutine», selon les recherches exhaustives de quelques linguistes de l’Université Laval, aurait comme ancêtre «poutingo», qui signifie «mauvais ragoût». L’expression viendrait du vieux français qui aurait évolué avec les années comme plusieurs autres aspects de la langue québécoise.

Il est difficile de croire qu’un mélange si banal de frites, de sauce et de fromage en grains soit autant populaire au Québec et ailleurs. Théorêt démystifie cette notoriété: «La poutine, c’est comme Céline Dion. On souriait au début, on n’y croyait pas tellement, mais, finalement, ça prend de l’ampleur et on en devient fier!»

 

Ce texte est une contribution d’Élisabeth Richer, qui a été publié à l’origine sur Le Trouble-Tête, le journal étudiant du Cégep de Saint-Jérôme.

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